ROULER EN GROUPE OU NON?
Il y a un débat qui fait rage parmi les amateurs de moto du monde entier, et ce n'est pas celui sur les lois rendant le port du casque obligatoire, ni celui sur les échappements bruyants, ou encore la nécessité d’avoir des accessoires assortis à sa moto : c'est plutôt le débat à savoir si rouler en groupe est amusant, sécuritaire et même nécessaire.
Certaines personnes considèrent que c'est juste une version adulte du jeu « suivez le chef » et, naturellement, aucun d'entre nous ne veut être perçu comme un suiveur. D’autres estiment que c'est une activité dangereuse, et d’autres encore pensent que c'est le comble de la camaraderie et du plaisir entre motocyclistes. Je ne suis pas ici pour débattre de ces choses, je pense que tout le monde a droit à son opinion. Toutefois, je doute fort que vous rouliez longtemps dans ce pays sans être invité à un moment donné à participer à une randonnée de groupe, et il vous faudra alors prendre une décision.
LA MÉCANIQUE DE LA RANDONNÉE DE GROUPE
Cependant, dans certaines situations, le dédain ou la peur de rouler en groupe pourrait provenir du simple fait de ne pas connaître le « fonctionnement » d’une randonnée de groupe, ou de penser que l'étranger à côté de vous ne comprend pas les règles et les rôles qui font partie de ce passe-temps populaire. Alors au lieu d'argumenter sur le fond, nous allons plutôt discuter de la mécanique d’une randonnée de groupe, et surtout de ceux qui la contrôlent, et voir si cela peut aider à prendre une décision plus éclairée.
D'abord, je pense qu'il est important de rappeler que la conduite en groupe, que celui-ci soit petit ou grand, ne se résume PAS simplement à « suivre le chef », et qu’elle n’est pas juste pour les débutants. En fait, j'ai souvent entendu dire haut et fort (peut-être de ma propre bouche) que rouler en grand groupe n'est absolument pas pour les nouveaux motocyclistes parce que conduire à proximité d’autres personnes exige de la compétence, de la confiance et un bon jugement, des qualités qui se développent avec l'expérience. En fait, quand elle est bien faite, la randonnée de groupe est un exercice de précision improvisé mais bien exécuté, au cours duquel vous comptez autant sur vos compagnons que sur vous-même – et ces compagnons forment peut-être la partie la moins bien comprise d’une randonnée parce qu’il s’agit de beaucoup plus que de « simplement suivre une personne ». Une sortie bien planifiée et bien exécutée emploiera plusieurs positions clés, et la réussite de l’activité dépend des actions et des décisions de ceux qui les occupent.
LE CHEF DE FILE
Il y a plusieurs rôles clés dans une randonnée de groupe, mais celui dont nous avons tous entendu parler c’est « le chef de file », alors commençons par lui. Le chef de file est la personne responsable de l’ensemble de l’activité. Il a probablement parcouru plusieurs fois l’itinéraire proposé afin d'établir l’emplacement des arrêts et les endroits demandant d’être plus prudent. Il connaît l’itinéraire sur tous les plans, après de multiples allers et retours (parfois littéralement!). Le chef de file doit connaître le code de la route à la perfection et être un conducteur EXPERT attentionné, réfléchi, calme et pondéré. Il sera responsable de presque tous les aspects de la randonnée, de la bonne utilisation de l’équipement de sécurité à la vitesse de croisière du groupe. Il sera applaudi si les choses se passent bien, et blâmé si elles se passent mal. Souvent, le chef de file anime la rencontre préliminaire, prévoit le stationnement d’avance, dirige les contrôleurs de la circulation qui guident les conducteurs quand ils arrivent, est en liaison avec les coordonnateurs de l'événement et décide de la tenue de l’activité. Les tâches possibles sont renversantes! Mon chef de file préféré est un instructeur de motocyclisme nommé LEO. Ses compétences sont extrêmes, sa connaissance immense et sa patience angélique (la plupart du temps). Vous avez déjà vu ces vidéos de motocyclistes de la police qui circulent entre des cônes, roulent à une vitesse ridiculement lente et exécutent des virages serrés lors d’épreuves contre la montre? Et bien il ENSEIGNE ce genre de choses. C'est un conducteur de ce calibre qu’il vous faut en tête du peloton - parfois le chef de file a aussi le rôle de MOTO DE TÊTE (nous verrons plus tard).
LE BALAYEUR
Parfois considéré comme le chef de file adjoint, le tout dernier motocycliste du peloton devrait être tout aussi expérimenté et qualifié que celui à l'avant. Le balayeur pourra de préférence communiquer avec le chef de file ou la moto de tête, et les informera du statut du groupe devant lui et des problèmes de circulation, alertera le groupe en cas de panne, et mille autres détails. Le balayeur peut être choisi parmi les conducteurs les plus expérimentés disponibles parce qu'il doit sécuriser la voie lorsque le chef du groupe demande de se déplacer à droite ou à gauche, c’est-à-dire : il se déplace en premier et empêche le trafic derrière d’emprunter la voie, et ferme la porte à la circulation convergente tentant de passer au moment où le groupe se déplace. Le balayeur arrêtera probablement pour aider ceux qui sont en panne ou qui ont stoppé pour d’autres raisons; il fera généralement en sorte de maintenir la cohésion du groupe, de réduire l’« étalement » quand le groupe se dilate ou se contracte au moment où la vitesse et les conditions de la route changent; et il peut conseiller un conducteur qui a du mal à rester dans le groupe ou à rouler en toute sécurité pour revenir à l'avant-dernière place, ou même à quitter le groupe. Ils sont les yeux et les oreilles du chef de file à l'arrière du peloton et peuvent aussi être sa voix le cas échéant. Tandis que le chef de file et/ou la moto de tête mène le groupe, le balayeur le contrôle. Prêtez attention au conducteur de la moto de queue et faites ce qu'il demande.
LA MOTO DE TÊTE
Parfois, surtout dans les grands groupes, le chef de file doit penser à trop de choses pour diriger réellement le groupe pendant la randonnée. Dans ce cas, le premier conducteur assumera cette fonction. Encore une fois, il faut un motocycliste expérimenté, qualifié et orienté vers la sécurité. Le premier conducteur décide de la vitesse du groupe, du choix de voie et du nombre de files; il informe de la présence de débris ou de dangers sur la route, prévient à l’approche des virages et voit à ce que le groupe se déplace en toute sécurité. Le plus souvent, il agit comme le cerveau de l'opération et doit faire des choix appropriés, rationnels et sécuritaires, puis les communiquer à ceux qui suivent. J'aime avoir un passager arrière quand je suis la moto de tête afin de pouvoir lui communiquer les signaux manuels qui serviront à informer le reste du groupe de ce qui se passe et garder mes mains sur le guidon, mais cela n'est pas une nécessité. Le premier conducteur aura très probablement parcouru l’itinéraire plusieurs fois avec le chef de file afin d’en connaître tous les détails.
LES AIDES AU STATIONNEMENT
Souvent exclus de ces discussions, on retrouve ceux qui aident les conducteurs qui arrivent à se stationner d’une manière prédéterminée afin de faciliter le départ ordonné et sécuritaire du groupe lorsque la randonnée commence. Ces personnes souvent critiquées, qui font de leur mieux pour mettre de l'ordre dans le chaos, arrivent bien avant les premiers motocyclistes et restent souvent derrière pour aider à nettoyer le point de départ. Elles doivent faire face aux conducteurs solos qui « veulent être dans la tête du peloton par souci de sécurité », mais qui arrivent les derniers, le chef de file, le coordonnateur et tous ceux entre les deux. Elles ont un travail important mais parfois extrêmement laborieux, et devraient être considérées comme ayant autant d'autorité que le chef de file. Ce gars ou cette fille dans son gilet de sécurité lumineux, avec une grande tasse de café qui refroidit à proximité, mérite autant de respect que les autres membres de l’équipe organisatrice.
CONCLUSION
Voici donc ceux qui composent l’équipe des responsables de la randonnée. Chaque groupe, chaque club et chaque chef de file ayant son idée sur ces rôles, il est préférable de se familiariser avec les traditions locales avant de se joindre à une sortie de groupe. Si vous avez décidé de participer, apprenez à connaître les motocyclistes et faites attention à eux, même s’ils vous diront probablement tous la même chose – ROULE À TA FAÇON. Cela ne veut pas dire d’ignorer ce qui se passe autour de vous, mais plutôt de savoir prendre la décision de rester ou de quitter quand vous ne vous sentez pas en sécurité ou quand la randonnée dépasse vos compétences ou votre niveau de confort. Il n'y a aucune honte à mettre fin à une sortie en groupe qui risque de s’avérer désagréable pour vous. La devise d’une randonnée décente sera toujours « Sécurité d'abord », et le reste du groupe préfèrera que vous quittiez plutôt que de le mettre en danger. Apprenez les signaux manuels utilisés dans votre région (ils peuvent varier) et soyez attentif lorsqu'ils sont transmis le long de la file... mais ne changez pas aveuglément de voie simplement parce que tout le monde le fait - vous devez toujours vérifier la sécurité de votre trajectoire et l'utiliser, et il en va de même pour toutes les autres étapes de l'événement.
Si vous décidez d'essayer la conduite en groupe, j’espère que vous vous amuserez. Sinon, j'espère que vous ne tenterez pas de dissuader les autres de se faire leur propre opinion. Cela peut être un défi très agréable, et faire partie d'un groupe de 500 motos ou plus glissant sur la route est quelque chose qui ne ressemble à rien d'autre. Il y a une raison si c’est une façon populaire d’attirer l'attention sur les organismes de bienfaisance et d’autres causes pour la santé; les gens remarquent la file de motos.
En bout du compte, c’est l’équipe des responsables qui permet à la randonnée d’avoir lieu. Bravo à ceux qui nous guident au loin et nous ramènent à la maison en toute sécurité!
